Impure Science
In an alarming expose of the scientific community, City University of New York economics professor Bell charges that all aspects of our welfare, social and military infrastructure are threatened by extensive fraud, secrecy and fierce competition for research funds from government and industry. While whistle-blowers are penalized, he notes, especially for exposing such costly fiascos as the space shuttle and the Hubble telescope, control measures–e.g., replication, peer and journal reviewing–are prone to abuse, as are the grant-awarding procedures of the National Science Foundation, the Pentagon and Congress. Among the author’s sometimes over-detailed examples–such as the recent case of scientific data faking which forced Nobel Prize winner David Baltimore to resign the presidency of Rockefeller Institute–Bell also condemns drug companies for gross violation of FDA regulations. The author’s very tentative solutions call for excluding peers from investigations, providing increased protection for whistle-blowers and meting out stiffer penalties for offenders.
From La Science au XXI Seiecle:
31/1/12
Impure Science, de Robert Bell
Le 31 janvier, Boursorama écrit à propos du marché français du médicament : « L’industrie pharmaceutique aborde 2012 dans un climat de prudence ». L’article se réfère notamment à cette déclaration du président du LEEM (entreprises du médicament) dans ses voeux à la presse : « On ne tournera pas de sitôt la page Mediator. La mémoire en gardera un goût amer ». Sur ce même communiqué du LEEM, Le Quotidien du Médecin emploie à son tour le titre « Les industriels du médicament moroses pour 2012 » et relèvel’allusion à « une année de stigmatisation et de “maccarthysme” » dont l’industrie pharmaceutique aurait été victime. Pourtant, l’affaire du Mediator a mis en évidence un problème récurrent mais qui n’avait pas été vraiment abordé en France : celui des conflits d’intérêts des experts de l’industrie des médicaments et, plus globalement, de ce type de situations dans la recherche et les expertises intéressant de nombreux domaines. Précisément, le 31 janvier 2012 Hervé Gattegno évoque dans Le Point « L’enterrement discret du projet de loi sur les conflits d’intérêts » et souligne que « le texte ne sera pas examiné avant la fin de la session parlementaire ». Au même moment, Terrafeminaannonce « Prothèses PIP : un rapport sur les dysfonctionnements remis mercredi », à propos du rapport de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) et de la Direction générale de la santé (DGS). Sur les prothèses mammaires PIP (Poly Implant Prothèse), la questions des éventuels conflits d’intérêts a déjà été soulevée par des mutuelles. On peut être surpris par le caractère récent de l’évocation en France des conflits d’intérêts dans le monde scientifique et des expertises, si on pense qu’il y a vingt ans Robert Bell avait déjà abordé cette thématique aux Etats-Unis dans son ouvrage Impure Science. Et qui s’est vraiment penché sur la question des conflits d’intérêts du monde politique à propos de l’élaboration des lois et décrets des années récentes ouvrant la voie à la privatisation de la recherche et de l’enseignement supérieur français, ainsi qu’au démantèlement des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ?
Le site du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche fait état de la remise du rapport annuel du Comité de suivi de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU). Mais qui abordera les conflits d’intérêts qui apparaissent au quotidien dans ce processus de privatisation et de développement de pouvoirs de plus en plus discrétionnaires ?
Pourtant, le problème est déjà ancien. Dans son ouvrage Impure Science. Fraud, Compromise and Political Influence in Scientific Research, John Wiley & Sons, Inc. 1992, Robert Ivan Bell, actuellement président du Département des sciences financières du Brooklyn College de la City University à New York, http://www.brooklyn.cuny.edu/pub/Faculty_Details5.jsp?fac…, incluait déjà deux chapitres fort complets avec les titres suivants :
5. IMPURE PROFIT. Marketing Medicine in Scientific Research. (Pages 105 à 143)
6. CORPORATE CASH. Conflicts of Interest in Research Funding. (Pages 183 à 219)
Or c’est précisément à propos des rapports entre les experts et l’industrie pharmaceutique, que la question des possibles conflits d’intérêts est devenue un sujet récurrent des médias français dans la période récente. Nihil sub sole novum.
Mais pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps avant de voir cette question clairement évoquée en France ?
D’emblée, Robert Bell écrivait il y a vingt ans, dans l’introduction de son livre Impure Science, que l’ouvrage expose de manière documentée « comment certains membres de la communauté scientifique ont encouragé une tendance vers l’influence politique, le compromis et la fraude dans la recherche scientifique ».
Treize ans plus tard éclatait l’affaire de Hwang-Woo-Suk qui, par sa thématique concernant le clonage des cellules souches humaines, a fait le tour de la planète. Voir par exemple : http://topics.nytimes.com/top/reference/timestopics/peopl…, ainsi que notre article du 8 novembre 2009 « Hwang Woo-Suk, le lobbying et la fraude scientifique (I) ».
Mais sans qu’il faille en arriver à ce type de situation extrême, pourquoi la question des conflits d’intérêts et des problèmes d’ordre éthique dans la recherche scientifique et l’expertise n’a-t-elle pas été prise plus au sérieux dans un pays comme la France ainsi que dans d’autres pays ? Les constats de l’année écoulée témoignent d’incroyables carences.
La crise du secteur des médicaments touche d’ailleurs les Etats-Unis aussi violemment que la France. Le 10 janvier 2012, le British Medical Journal publiait une lettre du médecin français Alain Braillon intitulée « New image for the drug industry. Drug industry is now biggest defrauder of US government ».
Voir aussi, dans le site ATOUTE consacré à la santé et forums médicaux, l’article d’Alain Braillon « Prescriptions hors AMM. Qui est hors la loi et même hors la science médicale ? » (AMM = autorisation de mise sur le marché). Le site de cet auteur est accessible à l’adresse http://braillon.net/alain/.
Le secteur médical et pharmaceutique serait-il d’ailleurs seul concerné par cette crise ? Que penser, par exemple, de la situation du secteur nucléaire au vu de la crise de Fukushima dont il ne semble pas que les conséquences aient vraiment été tirées ?
Et quels sont, aujourd’hui, les conflits d’intérêts lorsque les instances d’évaluation scientifique et les jurys des concours sont formés majoritairement de membres de quelques « grands programmes » et « programmes fédérateurs » devenus hégémoniques dans la discipline concernée ? Quelles précautions éthiques sont prises dans de telles situations ?
Dans Impure Science, Robert Bell aborde déjà les problèmes de l’évaluation et du prétendu « jugement par les pairs ». Quels progrès ont été accomplis depuis ? Les évènements de l’année 2011 ne semblent pas suggérer des conclusions positives.
Bien au contraire, l’évolution dans le sens de la privatisation de la recherche et de l’éducation, et du renforcement du lobbying et des pouvoirs « gestionnaires », ne peut qu’aggraver la situation dans ce domaine. Mais qui s’en soucie vraiment ?
Dans la pratique, à la place de la recherche d’un assainissement du système d’évaluation et de prise de décisions, c’est vers la course au lobbying et à l’influence que s’orientent trop souvent les comportements collectifs. Jusqu’où ira une telle spirale ?
Pourquoi les scientifiques ne réagissent-ils de manière plus énergique envers ce type d’embrigadement et, surtout, à l’égard de décisions et de modes de fonctionnement qu’ils considèrent injustes et viciés ? Robert Bell fait état, dans Impure Science, de cette appréciation d’Eric Glitzenstein, alors avocat d’un chercheur et membre de Public Citizen :
« They’re afraid. They believe there will be retribution, and that a much safer and wiser course of action would simply be to come back and play the game in the future, rather than risking having all of their future grants denied because they have complained about the process. »
C’était donc, déjà en 1992, la peur des représailles du système et le sentiment d’une disproportion des forces qui, d’après Eric Glitzenstein, poussait les chercheurs à se plier devant ce qu’ils jugeaient arbitraire. Un inquiétant constat, en tout état de cause.
Si déjà dans les années 1980 et au début des années 1990, les chercheurs se taisaient d’après Eric Glitzenstein par crainte de voir leurs financements, embauches, promotions… bloqués par le système, en place, où en est-on actuellement ? Force est de constater qu’au cours des vingt années écoulées depuis la parution de l’ouvrage de Robert Bell, le pouvoir des institutions, directions, administrations, coupoles, lobbies, entités privées… n’a fait que se renforcer face aux chercheurs « de base ».
Ofelia
June 8, 2023 at 4:54 amThanks for posting this info. I just want to let you know that I just check out your site and I find it very interesting and informative. I can’t wait to read lots of your posts.