Un système de rétribution de l’industrie
The above date is of my text written for this website as a preface to my last article published in the French scientific magazine, La Recherche on September 1, 2001.
I have been a management professor since 1977. What I rapidly discovered in the available research is that there is almost no reliable information on organizations that work well. Nearly every account is self-serving, or based on some unproven theoretical or ideological assumption. However, there is a vast treasure of absolutely empirically based, utterly factual, reliable information on organizations that go wrong. The data has been obtained under oath, or has survived legal challenge in government investigations, or court cases, or, occasionally, investigations from independent special committees set up, again by governments, after a well publicized catastrophe, such as the Challenger explosion in 1986. Reports by NGOs sometimes also meet this same test, but their court filings nearly always do—since they face ferocious challenges in court by deep pocketed special interests. All of this research put me in touch with those who initially brought the scandals to light—the whistleblowers.
At the suggestion of the most famous of them, Pentagon whistleblower Ernest Fitzgerald, I wrote a book, Impure Science (Wiley, NY 1992). The underlying theme, always pointed out by the whistleblowers, was conflicts of interest. Persons who are supposed to make an objective choice may stand to personally gain or lose based on their choice. Everyone in every organization understands this, even if they may not want to talk about it; going along can lead to promotions, objecting can lead to stagnation, demotions, firings, or ostracism. So the focus of my book was on conflicts of interest in scientific projects and Pentagon and NASA projects. I wrote about them simply because the data was actually available and reliable. I had no particular interest in military or space projects, or even basic medical research.
However, seeing the endlessly repeated stories of malfeasance, I realized that one could understand the world best not by researching how it works well, but by researching how if fails. After Impure Science, Olivier Dargouge, the then new editor of the French scientific magazine, La Recherche, commissioned me to do a series of articles for his magazine. Some of these articles were also published in the Dutch language magazine Natuur & Techniek due to the efforts of my Dutch language agent, Alice Toledo. The first article, the cover article in La Recherche, was titled La technologie americaine echecs et corruption. It appeared in September 1994, and is reproduced below, along with the other articles. But the last of my articles, after Olivier Dargouge was no longer the editor, appeared exactly seven years later, in September 2001. The editor at the time commission an extensive article on Bush Jr.’s star wars project. When I came back with it, in April 2001, he wasn’t happy, thinking that I was too certain in my conclusion that the project was hopeless, and probably could never work. I had simply quoted the network of US rocket, military aircraft and space experts I had come to know in the preceeding 14 years. So far, 20 years later, all of them have been right; the thing still can’t hit anything in any test that is not questionable.
I warned the editor that the project was so corrupt that the liklihood of a legal response by the military contractors was very real. However we could prevent it with a photograph of one of the powerful Democrats in Washington whose staff had helped me with the article. In particular I suggested one Democratic Senator widely known in the US, but hardly known at all to the French intellectual public. The picture the editor chose is shown below.
But there is more; the editor wanted to cut out a special section arguing that the whole star wars system was stupid, since the real risk was of a terrorist attack by suicidal fanatics. I simply quoted to him what all the experts I had talked to told me, “The US is about to be hit by the biggest terrorist attack in history.” I added, “And you will be the editor who published a story on star wars instead of that.” So he put back in about half of what I had written on the risk of a terrorist attack. The article appeared in September 2001, and to my knowledge was the only monthly in the French language to be in the kiosks for sale when the terrorists actually hit the World Trade Center. Below is what La Recherche did publish of what I had written:
Un système de rétribution de l’industrie
Robert Bell dans mensuel 345
daté septembre 2001 –
The warning that the entire star wars project was useless, the real threat was a terrorist attack:
L’ARME DU PAUVRE
La construction de systèmes de défense antimissile est souvent comparée à celle d’une ligne Maginot dans l’espace. C’est vrai, à ceci près que les ingénieurs français, au moins, savaient construire la ligne Maginot. Comme les stratèges qui ont conçu celle-ci, les avocats du NMD sont obnubilés par les victoires passées. Pour citer une phrase caractéristique, « face à un compétiteur quelconque, l’Amérique aligne d’écrasantes ressources techniques et matérielles, forçant l’agresseur potentiel à détourner d’importantes ressources à mettre en oeuvre des contre-mesures 12 » . Mais les terroristes du World Trade Center ont-ils dépensé grand-chose d’autre qu’un dépôt de garantie dans une agence de location de voitures ?
Le moyen le plus simple et le moins cher de contrer le plus sophistiqué des boucliers antimissile est… de ne pas utiliser de missile. Une bombe nucléaire délivrée par un avion de ligne, un avion privé, un bateau ou une voiture de location n’est pas détectable par un radar. Pour le spécialiste des questions de défense Chuck Spinney, il existe encore moins cher. C’est ce qu’il appelle la bombe nucléaire du pauvre. Elle consiste à mettre des déchets radioactifs volés issus d’un réacteur nucléaire dans un engin explosif conventionnel. « Un tel engin, écrit-il, pourrait provoquer un nuage radioactif rendant inhabitable toute une région13. »
Le rapport Rumsfeld de 1998, qui fournit la justification théorique au projet NMD , écrivait : « Les missiles balistiques sont un système économique pour les armes conventionnelles et non conventionnelles 14. » Il y a plus économique… R.B.
What La Recherche did publish of my article on the Star Wars project itself:
A en croire la plupart des républicains, le projet de bouclier antimissile est une ardente obligation nationale. A lire un certain nombre de rapports officiels, à commencer par ceux du GAO General Accounting Office , on peut se demander s’il n’est pas surtout un sous-produit du complexe militaro-industriel américain.
Déjà illustré de manière spectaculaire par le projet de « guerre des étoiles » du président Reagan, le rêve de protéger le territoire américain par un vaste bouclier antimissile a pris depuis quelques années une tournure plus concrète. Repris à son compte par le Congrès sous la présidence Clinton, mis en veilleuse par la Maison-Blanche à la veille des présidentielles de 2000, le rêve a pris une dimension nouvelle avec l’élection controversée du républicain George Bush, qui a appelé à ses côtés certains des hérauts les plus convaincus de cette entreprise, à commencer par Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense. Mais du rêve au mythe, il n’y a qu’un pas. Pour Wolfgang Panofsky, directeur de l’accélérateur linéaire de Stanford, « les Etats-Unis mènent depuis plusieurs décennies un programme de recherche et développement R&D sur la défense antimissile, pour un coût cumulé de l’ordre de 100 milliards de dollars actuels. Pourtant aucun système crédible n’est en vue et il est peu probable qu’il en aille différemment à l’avenir. Les faits scientifiques et la réalité technique ne peuvent être contraints par la politique 1 » .
Il n’empêche : en dépit des objections, de l’opposition de la plupart des démocrates et des échecs techniques à répétition, il n’est pas impossible que sous une forme ou une autre un bouclier antimissile voie effectivement le jour. Le processus a cependant été ralenti par la conquête du Sénat par le parti démocrate.
Pour les républicains, qui continuent de contrôler la Chambre des représentants, la nouvelle donne, née de la fin de la guerre froide et de l’affirmation d’une montée en puissance de la menace issue des « Etats voyous » , fait de ce programme une ardente obligation nationale. C’est le premier moteur du projet. Le second moteur, dont on se demande parfois s’il n’est pas plus puissant que l’autre, est bien sûr le complexe militaro-industriel, avec d’un côté les géants de l’aéronautique et de l’électronique militaire, et de l’autre les grands lobbies de l’armée américaine : air, terre et mer.
La grande transparence du système politique américain permet d’analyser de manière relativement fine l’articulation entre les deux moteurs. Il suffit de se plonger dans les multiples rapports du General Accounting Office GAO , du Congrès et même du Pentagone, dont beaucoup sont non classifiés. La plupart de ces rapports sont disponibles sur le Web.
Une constante de cette littérature est une curieuse propension de l’administration militaire américaine à passer commande avant que les tests aient démontré la fiabilité de l’engin ou du système envisagé. Le rapport du GAO publié en janvier 2001 sur SBIRS-low , le réseau de satellites de détection infrarouge destiné à repérer les missiles ennemis avant leur rentrée dans l’atmosphère, est clair à cet égard : « Le calendrier actuel ne prévoit pas d’obtenir les résultats d’un test crucial [pour la validation du système] avant que cinq années se soient écoulées après le début de la production 2 . » En conséquence, poursuit le rapport : « Si le test impose de réviser le concept, les modifications devront être incorporées aux satellites déjà en production, des éléments qui auront été achetés en fonction du concept initial pourront être devenus obsolètes, auquel cas ils devront être remplacés par de nouveaux éléments, accroissant les coûts et les retards. » Voir l’article de Jacques Blamont. Ancien sous-directeur du laboratoire national Lawrence Livermore, Philip Coyle, qui dirigeait depuis 1994 le Bureau des essais opérationnels et de l’évaluation du Pentagone, a écrit à l’occasion de son départ en janvier 2001 : « Le programme de tests engagé dans le cadre du NMD n’est pas suffisamment ambitieux pour suivre le rythme des acquisitions nécessaires au développement, et élude d’importantes questions opérationnelles 3 . » Responsable de la fabrication de l’intercepteur EKV du programme NMD chez Raytheon, Charles la Due le reconnaissait volontiers octobre 2000 : « On n’est pas là dans le schéma classique d’un programme de développement. Nous allons directement aux tests en vol et nous préparons à la production 4 . » Or ce qui est vrai pour le NMD , programme évalué à 60 milliards de dollars, l’est aussi pour les systèmes plus ou moins concurrents ou complémentaires développés en parallèle par l’US Air Force, l’US Navy et l’armée de terre.
THAAD . L’armée de terre américaine développe son propre projet, le THAAD Theater High Altitude Area Defence . C’est aussi un programme destiné à intercepter des missiles à l’aide d’un intercepteur qui fait exploser le missile sous le choc de la rencontre. Comme son nom l’indique, le programme THAAD est en principe un programme de théâtre, capable d’empêcher un missile de venir frapper les centres névralgiques de l’armée de terre ou les villes près desquelles celle-ci se déploie, sur un théâtre d’opération donné loin des Etats-Unis. Mais le système est destiné, comme le NMD , à pouvoir aussi intercepter un missile intercontinental avant sa rentrée dans l’atmosphère. A la différence du NMD , l’intercepteur peut détruire un missile pendant sa rentrée dans l’atmosphère, et est lancé non à partir de silos mais de plates-formes roulantes. Dans un rapport rendu au Congrès en février 1998, le général Larry D. Welsh, ancien chef d’état-major de l’US Air Force, faisait observer à propos de ce programme, dont la conception remonte au projet de « guerre des étoiles » du président Reagan : « Pour l’essentiel, le Congrès a exigé de passer à la capacité opérationnelle avant que le missile soit conçu. » Dans un rapport de 1999, le GAO révèle diverses anomalies reflétant la propension à mettre la charrue avant les boeufs : « Le calendrier comprimé des tests en vol n’a pas permis de réaliser convenablement le programme préalable de tests au sol. » Les six premiers tests en vol ont échoué, mais le temps laissé par le calendrier entre les tests ne permettait pas, selon le GAO , une analyse sérieuse pouvant déboucher sur des rectifications. Ensuite, « l’exigence de construire rapidement un prototype a conduit à construire des intercepteurs dépourvus des équipements nécessaires au recueil optimal de données sur le test réalisé » . Le GAO relève aussi que le contrat destiné à développer l’intercepteur, confié à Lockheed Martin, était du type « coût plus rémunération fixe » , ce qui dédouanait par avance le contractant de toute responsabilité dans un échec. De fait, après le sixième échec, le contrat fut modifié, afin de laisser à Lockheed Martin une part de responsabilité. Comme par hasard, le septième essai fut un succès. Lequel permit au programme T HAAD d’entrer, en juin 2000, dans la phase dite de « Engineering and Manufacturing Development » . S’ensuivit une forte réévaluation du coût du programme. Au lieu de 15,4 milliards jusque-là annoncés, le premier contractant, Lockheed Martin, fit savoir qu’il dépasserait 26 milliards à l’horizon 20135.
Parallèlement à l’US Air Force et à l’armée de terre, l’US Navy développe son propre programme de défense antimissile. Comme le THAAD , il est dit « de théâtre » , mais est explicitement prévu pour détruire un missile intercontinental avant sa rentrée dans l’atmosphère. Les missiles antimissiles sont censés être lancés depuis des croiseurs de type Aegis. Le quatrième étage du missile est un intercepteur du même genre que celui du NMD , avec des senseurs infrarouges. Le tout est guidé par un radar installé à bord du croiseur. Le premier essai, destiné seulement à tester le lanceur, en juillet 2000, s’est soldé par un échec, le quatrième étage ayant refusé de se séparer. Un rapport du GAO , publié en mai 2000, souligne de surprenantes incohérences. Il relève que l’évaluation finale du système avant l’entrée dans la phase de production est prévue pour 2010, alors que 50 % des missiles seraient fabriqués et livrés pour 2008 et la totalité pour 2010. Un financement supplémentaire consenti par le Congrès en 1997-1999 a été utilisé « pour permettre au programme de passer d’un effort pour démontrer qu’une cible peut être détruite au-dessus de l’atmosphère à un programme d’acquisitions suivant lequel un système sera complètement développé et produit » . Les rapporteurs notent au passage : « Nous avons souvent constaté que les dépassements de coûts et la fabrication de systèmes non conformes aux objectifs ont lieu quand le département de la Défense engage la production avant que les systèmes soient testés dans des conditions opérationnelles. » La première phase du programme de l’US Navy, avec quatre croiseurs Aegis et 80 missiles, est estimée à 6,4 milliards de dollars. La seconde phase, « Block II », n’est pas encore évaluée.
Les deux volets les plus « science-fiction » du bouclier antimissile sont les projets d’utilisation de lasers de puissance, montés à bord soit de satellites soit d’avions Boeing, destinés à détruire les missiles ennemis non avant leur entrée dans l’atmosphère mais dans leur phase de lancement, avant même qu’ils quittent l’atmosphère. Si vous cliquez sur www.sbl.losangeles.af.mil, vous verrez une horloge qui compte les secondes nous séparant du premier test du laser antimissile monté sur satellite, en 2013. Il est envisagé une couverture de 24 satellites couvrant l’ensemble du Globe et capables de détruire tout missile quelques dizaines de secondes après son lancement. Un premier contrat de type « coût plus rémunération » a été passé avec Lockheed Martin, Boeing et TRW qui développe le laser lui-même en 1999. Le projet de laser embarqué à bord d’un Boeing est plus avancé, le premier test devant avoir lieu en 2003 et le déploiement complet du système en 2009. Le GAO a publié un rapport au printemps 1999 sur ce programme de 11 milliards de dollars. Le premier contrat a été accordé en 1996 à ces mêmes trois industriels. Dans son rapport, le GAO reprochait au Pentagone de vouloir commander un second Boeing 747 spécialement équipé alors que les résultats obtenus avec le premier Boeing étaient bien minces. La Société américaine de physique doit rendre un rapport sur les lasers antimissiles début 2002.
Urgences. Ce type de procédures n’est, il faut l’admettre, nullement réservé au bouclier antimissile. De nombreux autres concepts militaires ont été en quelque sorte coulés dans le béton avant d’avoir été convenablement éprouvés. On connaît les exemples du bombardier « invisible » B2, dont la peinture antiradar partait sous l’effet de la pluie, de l’avion furtif F-117, qui fut le premier à avoir été abattu par les Serbes en 1999, ou encore l’avion de transport C-17 Globemaster III, qui d’après un rapport du Pentagone n’est pleinement opérationnel que 38 % du temps6. Témoignant devant le Congrès sur ce genre de mésaventures, le contrôleur général des Etats-Unis a observé : « La justification habituellement avancée est une menace imminente à laquelle le système devait faire face immédiatement 7 . » Dans le cas du bouclier antimissile, l’argument de l’urgence de la menace est particulièrement facile à invoquer. Le général Welch décrivait en juin 2000 la position du Pentagone en ces termes : « La décision nationale consistant à reconnaître que le besoin d’une défense nationale antimissile se fait sentir de manière urgente justifie une approche à haut risque destinée à produire une mise en oeuvre aussi rapide que possible 8 . » Lors de sa tournée européenne au printemps 2001, Donald Rumsfeld a plusieurs fois indiqué son intention de déployer un système rudimentaire avant qu’il ait été convenablement testé si la menace se fait imminente.
Il est bien difficile de démêler, dans cette rhétorique, ce qui relève de la conviction stratégique et de l’effet bulldozer du complexe militaro-industriel. Rappelons la formule du consultant spécialisé en défense Tony Battista, d’après lequel tout dollar dépensé par le Pentagone sur un projet de R&D induira vingt dollars d’acquisitions si le projet est retenu9. Les contractants ont intérêt à ce que les programmes se déroulent dans l’urgence. Des tests non finalisés engendrent de nouveaux contrats destinés à concevoir les moyens de pallier les défauts du système qui n’ont pu être détectés par les tests initiaux. Le cercle vicieux ne s’arrête pas là : les responsables du Pentagone et les hommes politiques impliqués n’ont pas intérêt à reconnaître leurs erreurs, tandis que les contractants arguent des emplois créés dans telle ou telle circonscription électorale. Les contractants disposent de moyens de pression individualisés, en raison des contributions qu’ils consentent aux campagnes de tel ou tel représentant ou sénateur et aussi des promesses faites aux officiels du Pentagone de leur fournir des tâches lucratives après leur mise à la retraite. Tout cela est largement du domaine public. Les contributions légalement consenties aux élus et candidats sont accessibles sur le Web. On sait, par exemple, que le sénateur républicain Thad Cochran, ardent défenseur du NMD , a reçu plus de 53000 dollars des industriels contractants du Pentagone entre 1995 et 200010. On a entendu l’intéressé déclarer en janvier 2001 : « Je pense que nous devons aller de l’avant avec le système qui a été développé et testé. La technologie est prête 11. » Le républicain Jerry Lewis, qui préside la sous-commission des crédits de défense à la Chambre des représentants, autre fervent défenseur du NMD , a reçu pour sa part 149000 dollars des industriels contractants pendant la même période, dont 10000 dollars de Lockheed Martin, 7000 de Boeing et 7000 de Raytheon. La manne bénéficie aussi aux démocrates, bien que dans une moindre mesure.
1 Science , 23 février 2001, p.1447.
2 GAO-01-6, p. 14.
3 Los Angeles Times , 6 mars 2001.
4 Financial Times , 4 octobre 2000.
5 Defense News , 11 septembre 2000.
6 Defense News , 12 mars 2001.
7 Robert Bell, Les Péchés capitaux de la haute technologie , Le Seuil, Paris, 1998, p. 27.
8 Senate Armed Services Committee Hearing on NMD, 29 juin 2000.
9 Robert Bell, op. cit., p. 140.
10 Center for Responsive Politics, www.opensecrets.org
11 Los Angeles Times , 5 février 2001.
12 Defense News , 19 juin 2000, p. 19.
14 Executive Summary, p. 5.